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« De Beyrouth à Jérusalem » : les tribulations d’un Américain au Moyen-Orient

Livre. Si vous avez des idées arrêtées sur le Moyen-Orient – où sont les bons, où sont les méchants, et cela pour l’éternité –, alors il ne faut pas lire ce livre. Car ce voyage, de Beyrouth à Jérusalem, est d’abord un éloge du doute. C’est un carnet de reportages où chaque point de vue avancé ne tient pas longtemps avant d’être contredit au chapitre suivant.
Ici, les pages ne se tournent pas dans un sens aboutissant en fin d’ouvrage, et en apothéose logique, à la thèse que défend l’auteur. Elles déroulent le chaos du Moyen-Orient contemporain du début des années 1980 à l’aube du XXIe siècle. Et l’auteur, le journaliste américain Thomas L. Friedman, triple Pulitzer, excusez du peu, finit l’humeur sombre.
Aujourd’hui éditorialiste vedette du New York Times, Friedman a d’abord été correspondant de l’agence UPI, puis du grand quotidien new-yorkais à Beyrouth au beau milieu des guerres du Liban. Comme ce pays est, pour son malheur, le théâtre des affrontements moyen-orientaux, le jeune homme venu de son Minnesota natal où la politique était simple (on vote démocrate ou républicain) s’est vite familiarisé avec les multiples lignes de fracture régionales : Israéliens contre Palestiniens, musulmans sunnites contre musulmans chiites, Arabes contre Iraniens, etc. – étant entendu que l’on règle les comptes par les armes et que les grands de ce monde sont de la partie.
Friedman a aimé le Liban. Il a écouté tout le monde. Entre deux batailles, il a joué au golf avec sa jeune épouse. Lui, l’enfant de la classe moyenne juive de Minneapolis, envoyé au kibboutz en Israël pour les vacances, sûr de la bonne et juste cause du mouvement national juif, se familiarise avec la « cause » des autres et perd quelques illusions au fil des massacres dont la capitale libanaise est le théâtre. Friedman est un conteur hors pair. Le sens de la scène, chez lui, précède le sens de l’analyse : on vit la situation avant qu’il ne la décortique.
Le New York Times l’envoie ensuite à Jérusalem quand l’espoir est encore là d’un règlement qui verrait la création d’un Etat palestinien au côté de l’Etat hébreu. Friedman y croit. Il couvre avec optimisme ces années qui vont déboucher sur la fin de la guerre froide et le début d’un dialogue sérieux entre Israéliens et le mouvement national palestinien. Encore une fois, il raconte les uns et les autres. Le gamin du Minnesota veut à tout prix que l’Israël rêvé de son enfance fasse droit à un Etat palestinien dont l’ambition ne serait pas d’effacer son voisin.
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